dimanche 20 janvier 2008

- Les Méthodes de Tambours Batá: numéro sept - Oru Cantado par Adrian Coburg


Média: Partitions
Langues: Espagnol et Anglais
Note: 12/20
Édition: Autoproduit 2004
3e Édition: 2006

Avec ce second article nous allons aborder le volume portant le titre de: "Oru Cantado - Cantos Yoruba y Arara". Il est le complément logique du volume "Oru Seco - the Bata Scores" étudié plus haut. Il ne s'agit pas d'un volume sur les toques de batá, mais uniquement sur les chants.
Pour les toques à utiliser dans l'oro cantado, on devra se reporter soit au volume précédent, au volume "Toques Especiales - Bata scores" (voir article plus loin).


Les deux ouvrages (Oru Seco et Oru cantado) sont illustrés par un cd audio, portant le titre de: "Antología Yoruba - volume 1 / volume 2 - Oru seco / Oru cantado", qui sera indispensable aux gens ayant acheté les deux recueils, pour mieux comprendre le style de Julio Dávalos, et pour éclaircir les quelques imprécisions, dont certaines relevées dans l'article plus haut.

NB: Notre but n'est pas ici de critiquer pour critiquer, mais bien d'éclaircir les internautes étudiant les tambours bata. Nous estimons important, vu la quantité de matériau pédagogique édité récemment, d'essayer d'évaluer le contenu ces ouvrages et de les comparer. Pour l'instant, à notre avis, la méthode de tambours bata idéale n'a pas encore été éditée - même si nous avons attribué la note de 20/20 au dvd "El Lenguaje del Tambor".

Ce nouveau recueil contient uniquement des chants, cependant, (cette fois-ci) des indications sur le sens de la clave sont données, ainsi que le nom du toque qui accompagne chaque chant. Le démarrage du toque par rapport au chant est transcrit, ce qui constitue une aide considérable et indispensable. Souvent, les toques transcrits commencent par une série de frappes sur le "chachá", bien qu'il ne nous soit donnée aucune explication à ce sujet. Il s'agit en fait d'une sorte de "mise au point pour un tempo commun" dans laquelle le joueur d'iyá cherchera à rejoindre la pulsation exprimée dans le chant par l'akpwón afin d'asseoir le départ du toque.
Encore une fois, un manque de précisions sur le contexte de l'oro seco, et l'absence d'indications sur le "comment faire" sont à déplorer. Pourtant, contrairement au volume "Oru Seco", une introduction est bien présente ici, longue de… 5 lignes. On nous dit donc - littéralement - que:
"les chants de l'Oru cantado sont écrits dans différentes tonalités. L'Akpwon (chanteur-soliste) choisit la tonalité dans laquelle il chantera chaque chant. Les tonalités que vous rencontrerez dans les transcriptions sont conformes à la façon dont Awo Chadeé (Julio Davalos) chante chaque chant. Choisissez librement la façon dont vous chanterez les chants".
Ces explications, pour le moins sommaires, ne nous renseignent que sur la tonalité des chants, ce qui est d'une utilité relative. Au moins peut-on supposer qu'il s'agit bien-là de transcriptions du style de chant de Dávalos. Dans la phrase "Choisissez librement la façon dont vous chanterez les chants" - nous supposons qu'on ne nous parle ici que de la tonalité - ou la phrase prêtera (encore une fois) à équivoque. Le fait que le nom de religion de Dávalos soit cité nous laisse supposer qu'il est Santero, c'est-à-dire qu'il a terminé son initiation et "fait son Saint", ce qui suppose un certain niveau de connaissance de la langue.

(Cliquer pour agrandir)


Voyons maintenant ce que contient cet orú cantado, Oricha par Oricha:
Eleguá, 10 chants: "Ashe moyuba Orisha", "Igbara Ago", "Agongo Ago, Agongo Laroye", "Agongo Ago", "Akolona Furawua", "Oya Oya Oya", "Ishon Shon Abe", "Eshu o", "Ago Elegba Bukenke", "Abukenke".

À l'étude de ces 10 chants transcrits en 4 pages, il apparaît que:
-Les rythmes sont impeccablement transcrits, même si l'on peut avoir un avis divergent sur quelques points de détail.
-La présence de 10 chants pour Eleguá dans l'oro cantado est à notre avis un peu abusive. 3 chants seront suffisants, même si 5 chants est un chiffre plus courant.
-Le démarrage du toque est précisé sur le premier chant, ce qui est très utile, la plupart des débutants croyant que la llamada de l'oro seco est employée également sur les chants.
-Au début de la page 2, on a la transcription du toque spécifique (3e vuelta d'Eleguá) sur le chant "Agongo Ago". En haut à droite de la page, on a la référence du toque à jouer, qu'on appelle ici… "Agongo Ago". On peut donc se reporter au volume "Oru Seco" qui contient ce toque, pour y trouver des variations. Cette remarque est également valable page 3 pour le chant "Oya Oya Oya".
-Sur le chant suivant, "Ago Lona fúrawa", on a également à disposition la trancription pour savoir comment revenir du toque "agongo ago" à la 1ère vuelta ou "base" du toque.
-Les indications de vitesse ne sont pas données, qui auraient pourtant été bien utiles.
-Rien sur le rythme, encore une fois, que ce soit dans les chants ou dans les extraits de toques, ne nous a semblé mal transcrit, sinon quelques points de détails: on trouve encore deux systèmes de clave, l'une en deux mesures, l'une en une seule (parfois dans la même série de chants), mais très rarement, toutefois .

À propos des textes des chants:

-On ne peut pas dire que les chants soient mal transcrits au niveau de la langue. Même s'il n'existe à Cuba aucune manière académique d'écrire la langue yoruba, on peut quand même reconnaître ici que l'organisation des syllabes en mots est cohérente, même si nous ne sommes pas d'accord avec toutes les orthographes employées.
-Le parti a été pris - encore une fois sans le préciser - d'utiliser la graphie "sh" (Orisha, Oshun, Shangó) là où d'autres préfèreront le "ch" espagnol (Oricha, Ochún, Changó). Mais on ne nous dira pas comment il faut les prononcer.
-Un autre parti a été pris de ne jamais accentuer graphiquement aucune syllabe. L'accentuation permet pourtant de mieux prononcer les mots yoruba, et de s'apercevoir que ces syllabes accentuées tombent systématiquement sur le toque ou sur la clave.
-La présence du "r" dans la phrase "Akolona furawa" fait penser au style de Lázaro Pedroso, style ancien, car on entendra plus souvent dire de nos jours: "Ago Lona fú a wá".
-L'usage du "k" à la place du "g" dans "Ago Lona" est plus étonnant.
-La présence d'une syllabe supplémentaire la seconde fois ("Akolona furawa o") est possible dans le cas de l'akpwón, le "o" emphatique en fin de proposition étant en yoruba largement utilisé (ex: "mo yuba o, mo yuba Orisa"), mais il doit uniquement faire partie de la "guía" de l'akpwón et ne doit en aucun cas être chanté par le choeur.
-Les 3 phrases du milieu du chant sont visiblement confuses: "Bobo ile, bobo tina, bobo ile, leti bara, bobo ile, bobo tina". On aura plutôt l'habitude de rencontrer: "A wá nilé le ki Bara, Echú (O)nile gbogbo dina, Echú nile gbogbo dina" (selon Lázaro pedroso) ou, très souvent: "A wá nilé le ki m'Bara, owo nilé gbogbo dina, owo nilé gbogbo dina".
-Dans le chant "Ishon shon abe", on trouve: "i shon shon abe odara, ko wo ri le yo", alors qu'on trouvera plus souvent "kó roni eyó" ("que no llegue hoy la tragedia" = que les problèmes soient aujourd'hui évités) ou "kó Lerí leyo" (= "kó Elerí aleyo" = "il n'est pas le Propriétaire de la tête des non-initiés", soit: "il ne descend pas dans la tête des non-initiés"). Mais il s'agit-là d'un point de détail.
-Autre point de détail, dans le chant "Abukenke": Coburg transcrit "Oggun latopa loyu", là où l'on trouvera plus souvent "Ogún la topa lowó" = "Ogún mata por sus propias manos" (Lázaro Pedroso), soit "Ogún tue de ses propres mains". On trouvera également "Ogún ya topon Lowo" (Ogún est digne d'être loué car il est riche. (O)-lowo = le propriétaire de l'argent. Par contre ce "loyú" est rarement employé pour Ogún, et aurait à voir avec la vue (oyú = yeux).


À propos des mélodies:

Note: Nous ne pouvons pas, par respect pour l'auteur, nous permettre de mettre en ligne plus de pages que lui-même n'en a mis sur son site. Adrian Coburg a mis la page ci-dessus sur iyalodde.ch, et c'est malheureusement tout ce que nous pouvons mettre à la disposition des internautes.

Dans les trois premiers chants figurant sur cette page, trancrits en Sol majeur, si nous sommes bien d'accord avec la tonalité, clairement exprimée par la mélodie, nous constatons quand-même une anomalie: les quatre dernières notes de l'avant-dernière mesure sont pour nous inexactes. Encore une fois, s'il s'agissait uniquement de la partie à chanter par l'akpwón, et si Adrian Coburg s'est borné à transcrire ce que chante Julio Dávalos, on pourrait le justifier et le problème serait mineur. Par contre la mélodie que le choeur doit chanter doit correspondre (à priori) à un standard établi.

Qui peut affirmer qu'il existe une "véritable" mélodie? Personne. Cependant, avec le temps et le nombre de versions entendues, on connaîtra la mélodie chantée "la plupart du temps", on apprendra quelles sont les versions qui comportent des différences, et on connaîtra ces différences. Chaque akpwón, pour définir ce qu'il juge être "la bonne mélodie" se basera ainsi sur sa propre culture, constituée de l'enseignement principal qu'il a reçu, et de toutes les versions qu'il a entendues, à tel point qu'au bout d'un certain temps il saura, quand une mélodie n'est pas conforme à ses yeux, soit la classer comme différente, mais valable car "certains la chantent ainsi" ou différente, et mal chantée car "jamais entendue ainsi".
Pour juger ici si les mélodies sont conformes ou non, nous allons utiliser le même principe, c'est-à-dire:
-nous baser sur notre propre expérience et
-comparer avec les versions déjà entendues, pour enfin
-juger si le style existe ou s'il n'a jamais été entendu ainsi, et dire si à notre avis la mélodie est conforme ou non.
"Bien, et votre expérience, quelle est-elle exactement" - nous dira-t-on légitimement - "pour être capable de juger?".
Tout d'abord: des cours de chant et de traduction des chants, avec différents professeurs, tels que: Lázaro Pedroso, Franklin Beltrán, Reynaldo "Flecha" Delgado, Sergio Quiros, Alexis Zayas, Alejandro "Mafé" Mola, Moraima Varona, qui sont tous Akpwón Oricha, et d'autres musiciens un peu moins spécialistes tels Ernesto Gatel ou "El Goyo" Hernández.
Ensuite, une sonothèque de plus de 100 cds de musique yoruba de Cuba, dont de nombreux enregistrements "de terrain".
Enfin, une compilation personnelle de plus de 1200 chants yoruba, avec de nombreuses versions pour chaque chant.
Tout ceci ayant été dit afin d'éviter le doute sur notre capacité de jugement sur un terrain aussi spécifique que les mélodies des chants yoruba de Cuba, que certains considéreront "non-standardisées".

Car pour nous ici, dans les ouvrages d'Adrian Coburg, certaines mélodies ne sont pas tout-à-fait exactes.
Commençons par les exemples cités dans les extraits de la méthode reproduits plus haut:
Dans le cas du second chant pour Eleguá ("Igbara Ago"), sur les syllabes "E-le-gba E-chú Lo-na" les notes ne sont pas conformes à la tradition, car pour nous il ne s'agit pas de: "sol-la-la-mi-sol-sol-sol" mais plutôt de: "si-si-la-la-sol-sol-sol" ou à la rigueur de: "si-si-la-mi-sol-sol-sol".
Nous avons recopiés l'essentiel de ces transcriptions dans un logiciel d'édition de partitions pilotant un module midi, en veillant à bien respecter l'armure et l'exactitude des notes, afin d'être ceratin de bien entendre le résultat sonore pour ne pas faire de faux jugement.

(Okantomi sur YouTube - akpwón: Adrian Coburg)


Afin de chercher également à comprendre quelle était exactement la nature de l'erreur commise, nous avons visionné les vidéos se trouvant sur YouTube du groupe Okantomi, dans lesquels l'akpwón est Adrian Coburg. Or, c'est bien la mélodie qu'il a transcrite qu'il chante, et qu'il fait chanter par le choeur. Il ne s'agit donc pas d'une faute de transcription, mais bien d'une méprise sur la mélodie elle-même.
Beaucoup nous diront alors: "mais il ne s'agit que de trois notes sur une page entière…". Bien.
Mais, s'il y a en tout quatre notes sont pour nous inexactes dans cette page qui en comporte 112 (ce qui nous donne un taux de 3,57% d'erreur, ce qui est relativement négligeable), là où le bât blesse, c'est que sur les pages suivantes on retrouve un taux de notes inexactes plus élevé. Sur la page 2, si le chant "Agongo Ago" est correctement transcrit, ce n'est pas le cas du chant "Ago Lona fúrawa" (52 notes inexactes), ce qui nous fait 52 notes inexactes sur 100 (tout rond), soit 52% d'errreur. Sur la troisième page, les chants sont "Oya Oya Oya" et "Ishon Shon Abe". On y trouve, toujours selon nous, sur 98 notes, 19 notes incorrectes, soit 19,38% d'erreur. Sur la quatrième page, qui contient les chants "Eshu O", "Ago Elegba Bukenke" et "Abukenke", nous trouvons 27 notes inexactes sur 88 notes, soit 30,68% d'erreur. Sur les quatre pages, qui représentent la totalité des chants pour Eleguá proposés ici, nous avons donc 25,62% d'erreur, soit environ une note sur quatre.
Sur les deux derniers chants, et alors que pour nous il n'y en a pas lieu, la tonalité change, sans raison apparente, de Sol majeur à Do majeur, (pour nous elle passe plutôt en Fa majeur: Julio Dávalos ayant plus certainement "baissé" de ton que changé pour une tonalité autre).

À l'écoute des extraits audio qui sont sur le site iyalodde.ch, il est impossible de juger des qualités de chanteur de Julio Davalos, tant les extraits sont courts.
En comparant les mélodies des chants figurant dans les prestations du groupe Okan Tomi et les mélodies transcrites dans les autres volumes ("Rezos" et "Cantos Especiales" vol.1 et 2), on se rend compte qu'il n'y a aucune différence entre elles. Coburg se conforme donc bien aux mélodies qu'il a transcrites. Or elles sont elles-aussi (en partie) inexactes.

(Okantomi: rezo a Eleguá et Tere Mina Tere)


Pour étayer notre raisonnement, nous avons analysé les mélodies suivantes chantées dans les vidéos du groupe: pour Eleguá (rezo a Eleguá, Tere Mina Tere, et pour Ogún (rezo a Ogún, Ogúndere Arere et Sara ikokó Ogún dé), et effectivement, la plupart du temps, là où pour nous il y a erreur, Coburg chante ce qu'il a trancrit.
Que dire de plus? Nous avons exprimé notre avis en essayant d'être le plus objectif possible. La faute n'est pas d'une énorme gravité, mais le danger d'enseigner l'erreur est bien là. La meilleure preuve en est que le groupe Okantomi chante des mélodies partiellement inexactes.

(Okantomi: rezo a Ogún, Ogundere et
Sara Ikokó Ogundé)


Un troisième critère de qualité nous apparaît essentiel dans cet ouvrage, il s'agit du choix du répertoire chants et des toques qui les accompagnent. Plus le répertoire d'un Oricha est étendu, moins l'emploi de tel ou tel chant est obligatoire. On ne peut donc quasiment jamais dire que tel chant manque car il est obligatoire, sauf dans le cas d'un Oricha au répertoire peu étendu. On peut par contre regretter une trop grande quantité de chants, ou au contraire un nombre trop limité.
Dans quelques cas seulement, malheureusement, le toque est intégralement transcrit parallèlement au chant (seulement la partie d'iyá, ce qui est l'essentiel). Nous aurions aimé voir ces rares cas devenir systématiques.

Nous avons déjà suffisamment parlé plus haut du cas d'Eleguá.

Ogún (2 chants): le rezo a Ogún n'est pas transcrit. Il est vrai qu'il n'a aucune place obligatoire dans l'oro cantado. 2 chants sont suffisants (1 aurait suffi), mais c'est peu, par rapport à Eleguá qui en compte 10. L'emploi du chant "Sara Ikokó" dans l'oro cantado rappelle Felipe Alfonso. Le toque indiqué est Chachalokafun. Ñongo aurait également convenu.
Ochosi (4 chants). Sous un seul titre sur la page d'Ochosi, comme dans la table des matières, Coburg en regroupe (pour nous) quatre: "Ochosi Ayilodda", "Yire Yire", "Yambeleke Iwuoro" et "Iwuara Ode Fa". Là aussi d'autres chants étaient possibles, après "Ochosi Ayilodda"et après "Iwuara Ode Fa".
Inle (5 chants). Cet Oricha, dont le répertoire est peu étendu, est ici relativement bien "servi". Sur les deux derniers chants le toque (Ñongo) peut à notre avis se transformer en Chachalokafun.
Babalú Ayé (5 chants). Lui aussi est bien représenté, avec 5 chants sur 2 toques.
Osáin (4 chants): ("Mariwo Osain", "Ewé masiboroyu", "Mamura Mofiyen" et "Borotitlawa". (il s'est glissé une erreur dans la table des matières où l'on a oublié "Mamura Mofiyen". On peut également jouer la 3e vuelta dès le premier chant, et la 4e dès l'avant-dernier chant.
Dadá (2 chants): Un seul chant annoncé ici, pourtant ils sont bien deux ("Omolowuo Dadá" et "Dadá ma sokuma").
"Toreunkotó" ("Korinkotó" ou "Oke") (2 chants): "Toreunkoto mi Lodo", et "Malamalade"
Dans le cas de cet Oricha la langue nous paraît moins conforme, et surtout un chant est à l'envers dans le clave (à la fin du premier chant, quand on dit: "Oloyú Loyú re o - Oloyú Korinkoto".
Agayú est assez mal représenté, par rapport aux autres Orichas, avec seulement deux chants ("Sororo" et "Mai Mai Mai").
Changó est normalement représenté avec "Wemilere", "Emiso", "Moni jere miye" et "Oba tó", soit 4 chants et non pas deux comme annoncé. Un détail cocasse est à relever, puisque dans le chant "Moni jere miye", dans lequel on énumère toutes les nourritures de Changó, si on trouve bien les habituels amalá (plat à base de farine de maïs), oguede (des bananes plantain), a(g)bo (le mouton), akukó (le coq), on découvre que Changó mange aussi "Obbini", soit… des femmes. Effectivement, on peut argumenter par le fait qu'il soit un grand "consommateur" de femmes. Je ne sais si l'allusion est très flatteuse pour le genre féminin.
Obatalá (3 chants) est représenté par une partie de son "tratao' de Baba Fururú", avec seulement trois chants. Il est vrai que les séquences sont son longues qu'il suffit de les répéter une ou deux fois chacune d'entre elles. La fin du chant "Enu Aye" n'est pas transcrite, mais le chant peut de diviser, sur sa fin, en une séquence plus courte (Serere, serere o / gbogbo la iñá se rere).
Oricha Oko (2 chants) est normalementl représenté ("Orisha Oko Oggun Fereweye" et "Bi Ayo), mais une transcription supplémentaire de tambour est présente, afin de placer correctement la conversation du toque (Dadá wo le nche) avec le "vire" du chant.
Ibeyi sont bien représentés, avec 5 chants, ("Omo bikú" (Kere-kere nya), "Beyila Omo Edun", "Beyila" (vire du précédent), dont le premier est transcrit selon une clave… à une mesure, avant un chant lent transcrit selon une clave en deux mesures - or aucune vitesse n'est précisée, ni aucun changement de tempo: danger de confusion…
Obba (7 chants) est très bien représentée, avec un "traité" dont une version nous était déjà connue de Felipe Alfonso. De plus, l'évolution du toque est intégrale transcrite avec les différentes "vueltas" du toque à jouer avec les différents chants (ce qui aurait été idéal pour tous les chants du recueil. Par contre, le départ du toque sur le ou les premiers chants n'est pas transcrit.
Yewá (2 chants) est normalement représenté.
Oyá est moyennement bien représentée, avec deux chants, donnés ici pour un seul. Le toque pour accompagner le chant est ici "Oyamb'Ikú", bien qu'il soit précisé qu'on puisse également utiliser le "Tui-tui" de Oyá.
Yemayá est très bien représentée, avec 6 chants et 4 toques. La place du chant "Bara ago ago" est étrange, coincé entre "Sokutaniwo" et "Oda Asesú / Oni Yemayá", qui habituellement se suivent. Mais nous trouvons ce fait intéressant.
Orula est normalement représenté, avec une séquence habituelle de 4 chants, dont le dernier est souvent également le premier (Yokobi Oko Bi). Une transcription du toque est présente tout au long de ce traité, comme pour Obba.
Ochún est très (trop) bien représentée avec 7 chants pour 3 toques; une première partie avec le toque Yakota ("Yeyé Bi o Bi Osuo", "Ouro Wuene" - et non pas "Weñe" - "Ewue Mile" - avec la transcription du "vire" de Yakota), et une seconde avec le toque Wolenche a Dadá: "Itewerewere", "Ala ile ile Wua" (-lere wua), et "Mokosun". L'une des deux parties aurait été suffisante. Le choeur ne reprend jamais "la longue phrase" de l'akpwón sur le premier chant, curieusement. Une transcription de la manière de placer la conversation du toque à Dadá avec le 6e chant est présente. La quantité de transcriptions des toques est presque complète.
Oduduá est normalement représenté avec un chant, reproduit sur 3 pages, avec une transcription du toque presque complète.

Les places les plus étonnantes dans l'ordre de cet oro seco sont celles de Oricha Oko et Ibeyí, entre Obatalá et les Orichas féminins. Nous trouvons plus souvent Oricha Oko avec les autres Orichas travaillant avec les plantes, sinon avec la maladie (Babalú Ayé et Osáin) et Ibeyí au sein de la "famille de Changó" (avec Dadá et Agayú).
La rélégation d'Oduduá à la fin est une version souvent constatée, bien qu'il soit également courant de le placer après Obatalá.

Si l'on considère maintenant que:
-d'un côté que les textes des chants, les rythmes des chants et que les indications de démarrages des toques, ainsi qu'une certaine quantité des toques sont correctement transcrits,
-mais que d'un autre côté 25% des notes (encore faudrait-il approfondir nos vérifications) sont non-conformes à la tradition, on peut quand même considérer cet ouvrage "Oru Cantado" comme bien utile et remarquablement bien réalisé.
Afin limiter la marge d'erreur, il vaudra quand même mieux acheter le cd correspondant aux transcriptions, dans le but de juger d'avantage en fonction des mélodies chantées par Julio Dávalos.
Vu le nombre de nouvelles éditions de ses ouvrages, nous ne croyons pas Adrian Coburg être un homme refusant de reconnaître des erreurs. Espérons que des corrections seront effectuées.
Le recueil est quand même très (trop) condensé, ce qui n'est pas facile à réaliser, car on a des transcriptions de chant, des ééléments des toques, et un oro cantado complet, de 78 chants en 40 pages seulement.

-On peut commander tous ces volumes sur le site de Coburg, iyalodde.ch, ICI, le volume "Oru Cantado - Cantos Yoruba y Arara" y étant vendu au prix de 35€ (plus 10€ de frais de port). Sur le plan international les distributeurs ne se sont pas trompés sur sa qualité, puisqu'on peut trouver la plupart de ses transcriptions sur des sites spécialisés parmis les plus sérieux tels:
-Descarga.com ICI, (USA - 35$ plus port), qui propose le "pack" des 13 ouvrages de Coburg pour… 474$98 (plus le prix du port qui doit être conséquent, puisque leur "shipping value" est de 56!), et
-One Voice Music, ICI, (UK - 23£49 + port).
-Le premier cd, lui, est vendu 30€ (plus 10€ de frais de port) sur iyalodde.ch, mais seulement 19£95, environ 26€ (plus port) sur One Voice Music ICI.

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